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Les hiérarchies imbéciles

Ce n'est pas le lycée qui fait la réussite des taupins, mais le niveau intrinsèque des élèves, de même, ce n'est pas l'école d'ingénieur qui détermine une carrière, mais les capacités propres du diplômé.

Rien ne garantit qu'en sortant de Centrale Paris, des Arts et Métiers ou de Télécom, vous aurez un parcours passionnant. Si vous êtes humainement un crétin, imbu de lui même, assis sur ses certitudes, satisfait de son niveau intellectuel du jour des concours, jaloux de ses prérogatives et persuadé que tout lui est du, vous vous ferez enterrer, à coup sur.
Et le réseau de votre grande école n'y changera rien : un con surdiplômé est d'abord un con. On lui préférera rapidement quelqu'un d'autre, même s'il est moins diplômé. D'autant que cela reviendra moins cher à l'entreprise.

Après bientôt vingt ans d'enseignement en prépa, je constate que les plus belles carrières ne sont pas toutes effectuées par les étudiants les plus brillants de spéciale, mais bien par celles et ceux qui avaient du mordant, du charisme, l'envie d'apprendre et étaient capables de se remettre en cause.

Alors bien sur, un diplôme d'une très grande école, ça facilite les choses. Et on ne peut pas nier que l'on est en général recruté à un meilleur salaire.
Mais ça, c'est le début de carrière. Et ensuite ?...

Ensuite il faut s'entendre sur ce qu'est une belle carrière.

C'est juste gagner un max de pépètes et pouvoir se payer une bagnole avec un capot long comme ça (ou mieux, un 4x4 qui ne voit jamais la boue) ? C'est diriger le plus de personnes possible ? C'est être chef, chef, chef ?

Ou c'est d'abord, tout en gagnant bien sa vie, ne pas se faire suer au boulot.
Car ça va quand même vous occuper plus de huit heures par jour, quarante six ou sept semaines par an, pendant quarante ans (au moins).
En clair, l'objectif, c'est, d'aller au boulot, le matin, en sifflotant. Et si ça dure une vie, c'est encore mieux.

Gagner correctement sa vie, avec un diplôme d'ingénieur, n'est pas si compliqué...

C'est avant tout une question de spécialités, celles dont manque le marché de l'emploi. Soit parce qu'elles correspondent à des secteurs où l'on a besoin de beaucoup de monde, soit parce qu'elles sont rares.

C'est aussi, au cours d'une carrière, être capable d'évoluer, lorsque la conjoncture change, que des opportunités se présentent ou tout simplement que vous avez fait le tour de votre activité du moment.

Enfin pour ne pas se faire suer, il est bon que les goûts et les capacités soient en adéquation avec l'activité. De trop nombreux élèves choisissent telle école avant telle autre parce qu'elle est plus prestigieuse, alors même que la formation ne leur plaît qu'à moitié. Remarquez, quelqu'un qui fait ce choix a toutes les chances ensuite de se diriger vers la finance, le marketing ou du management, bref, de tourner le dos au métier d'ingénieur. Donc peu importe l'école !

Lorsque l'on réfléchit un peu, les très grandes écoles n'ont pas l'apanage des spécialités porteuses, rares ou généralistes.

Il convient donc sans doute de ne pas trop se fier à des hiérarchies qui ne correspondent finalement pas à grand chose, sinon au fait que tel sigle est plus connu que tel autre.

Le classement de Shangaï, à peu près aussi crétin que les autres, a au moins le mérite de bouleverser notre vision des choses. Si on s'y fiait, pour chercher un job à l'étranger, il vaudrait largement mieux sortir de Lyon I que de l'X ! Les militaires doivent en bouffer leur bicorne.

Mais qu'on se rassure, la qualité de formation des ingénieurs français est parfaitement reconnue internationalement.

En fait, le classement de Shangaï répond à un besoin de lisibilité et il est le premier, donc tout le monde s'en sert. Il est très contestable car il donne la prime aux très grosses structures et les critères choisis sont essentiellement liés à la recherche.
Or, notre système manque de "concentration", les labos n'ont pas des tailles assez importantes ou sont rattachés à plusieurs entités, il est donc difficile d'atteindre des seuils critiques de publications par labo. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les écoles d'ingénieur se classent aussi mal, et après les très grosses facs : les labos sont pratiquement tous rattachés principalement à des facs. C'est aussi en partie ce qui justifie la valse des regroupements auxquels on assiste depuis quelques années.

Mais la leçon n'en demeure pas moins intéressante.

Alors ? Alors il y a incontestablement de très grandes écoles, dont le prestige est justifié et la qualité de formation incontestable. Pour autant, les écoles moins réputées ne sont pas à dédaigner. Quand on a Centrale Nantes, il vaut peut être mieux compléter sa formation intelligemment en faisant une thèse ou une spécialité lourde que faire 5/2 pour avoir Centrale Paris.
Il y a parmi les anciens de Michelet un "Papète Grenoble" qui n'a rien a envier à un Mines en terme de carrière et une SupMéca dont le salaire n'est pas différent de celui de son conjoint Centralien.

Mis à jour ( Vendredi, 24 Juin 2011 13:10 )  

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